Ailleurs – de Dakar au Siné Saloum

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Départ à l’aube, baie de Hann, Dakar

 

Depuis notre arrivée au Sénégal les émotions se bousculent dans nos têtes… Nous sommes dans un nouveau monde, où les contrastes les plus forts se côtoient. D’abord la pauvreté, omniprésente. La chaleur, la poussière. Le chaos de Dakar et l’absolue sérénité du Siné Saloum. Les gens, à l’allure sereine et fière, extrêmement accueillants, et souvent avec beaucoup d’humour. Très sportifs, la plupart grands et sveltes. Puis des paysages magnifiques, souillés parfois par une pollution incroyable. Beaucoup d’oiseaux et de poissons. Des insectes partout… La guerre aux moustiques en soirée. Les magnifiques pirogues de pêcheurs. La richesse des échanges grâce à notre langue commune. Le système D, où tout semble impossible mais où, finalement, tout est possible. Les magnifiques tissus portés par les femmes. L’artisanat. L’art du marchandage – tout un jeu de communication !

Aventures dakaroises

Nous arrivons à Dakar le 30 novembre au petit matin et jetons l’ancre dans la bais de Hann, juste à côté de Zen. Nous retrouvons son équipage avec plaisir !

A peine débarqués au Cercle de Voile de Dakar, son président Bernard nous accueil chaleureusement et nous explique le fonctionnement de ce club mythique, ainsi que toutes les ficelles des formalités administratives à régler. Nous trouvons alors un chauffeur de taxi qui nous entraine d’un service administratif à l’autre. Les premières impressions sont vives, Dakar fourmille, une ambiance de chaos organisé assez unique !

Nous passons quelques jours ici, profitons du jardin ombragé et de l’ambiance très conviviale du club, rencontrons ses acteurs, tels GG, Diego, Moussa, Mama Légume, Mama Bijoux, Fatou, mais aussi les autres équipages de passage et des aventuriers de la route : Anne & son fils Gabriel, en route pour la Casamance, et deux couples de sympathiques baroudeurs traversant l’Afrique du Nord au Sud en 4×4 ( http://lespistanous.en-escale.com ).

Cependant ce cadre charmant est en partie gâché par la pollution : la plage devant le club est belle, mais l’eau si tristement impropre à la baignade. Industries, villes, particuliers, tout le monde jette ses déchets dans la baie de Hahn. Odeur et immondices souillent le fond de la baie…

Nous visitons le centre de Dakar, ses rues, ses marchés et quelques vestiges de la colonisation française. S’ensuit une bonne pause au restaurant le Bidew, dont la cuisine et l’ambiance nous enchantent : concert de musique Cap Verdienne à l’ombre d’un grand fromager, dans les jardins de l’Institut Français. Nous partons le lendemain explorer la réserve de Bandia en compagnie des Zen : baobabs, zèbres, girafes, rhinocéros, crocodiles… une très belle journée dans la brousse ! Puis Philéane profite de la proximité d’un très beau centre équestre pour y monter un peu : le Cercle de l’Etrier de Dakar. Nous nous rendons ensuite en ferry sur l’île de Gorée, tristement célèbre à travers son rôle d’embarcadère dans la traite des esclaves vers le nouveau continent…

Pendant ce temps, Diego, le voilier du club, nous a fait une superbe housse d’annexe sur-mesure, de magnifiques housses de coussins rouges, une housse pour le paddle et a finalisé notre moustiquaire de cockpit.

Pour finir, quelques emplettes de tissus avec Mama Bijoux, le plein de délicieux pamplemousses, citrons verts, avocats et ananas avec Mama Légumes. C’est bon, nous sommes parés pour le Siné Saloum !

 

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Cercle de Voile de Dakar

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Le porteur d’eau, jardins du CVD

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Les matelots Zen et En Arbenn

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Réserve de Bandia

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Réserve de Bandia

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Réserve de Bandia

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Maison des Esclaves, île de Gorée

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Le baobab sacré, réserve de Bandia

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Les nattes africaines de Mama Légume

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Les nattes africaines de Mama Légume

 

La magie du fleuve – Rencontres dans les méandres du Siné Saloum

Mercredi matin, 6 novembre –  Départ de Dakar à l’aube, en compagnie de Zen. Une mer d’huile s’étale devant nous. Malheureusement l’ancre est prise dans un filet de pêche. Après vingt minutes d’essais infructueux, une pirogue s’approche, les pêcheurs nous aident à nous sortir de ce mauvais pas. Ouf, nous pouvons partir ! S’ensuit une traversée sans vent, au moteur, à slalomer entre une multitude de filets de pêche, le long de la Petite Côte. Arrivés à hauteur du delta, nous prenons le chenal d’entrée de la passe de Djiffer (balisé depuis peu !) et mouillons à la nuit tombante de l’autre côté de la barre de sable. Après un dîner très sympa à bord de Zen, tout le monde au lit. Pas un bruit, la nuit est noire intense, seuls les feux de mât de nos deux Outremer 45 se balancent gentiment, côte à côte, à l’entrée du Siné Saloum.

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Pêcheurs à l’aube, baie de Hann

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Zen, traversée le long de la Petite Côte

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Pêcheurs le long de la Petite Côte

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Zen & En Arbenn à l’entrée du fleuve Siné Saloum

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Devant la passe de Djiffer

 

N’Gadior

Vendredi matin, 8 novembre – Le coq du village chante, les cris d’enfants nous entourent. Nous sommes au mouillage au fond d’un bolong, devant l’école d’un villages isolé, perdu dans les méandre de la mangrove des îles du delta du Saloum. La berge est habillée de denses palétuviers. Leur feuillage persistant est d’un beau vert intense. Des huîtres colonisent leurs racines grises. Quelques baobabs surgissent ponctuellement. L’ambiance est d’une grande sérénité. L’accueil des villageois hier était très chaleureux. C’est beau et magique, hors du temps !

Nous avons livré et installé hier à la coopérative scolaire du village de N’Gadior le premier des trois ordinateurs que nous transportons pour l’association Senekoppe. Aujourd’hui William initie le gestionnaire aux logiciels de bureau.

Pendant ce temps j’assiste avec Philéane et Pierre à un cours de primaire. Nous sommes assis au fond de la salle de classe. Pas un bruit, tous les enfants sont penchés sur leurs ardoises, ils corrigent leur évaluation de grammaire. Puis test de calcul. L’instituteur a beaucoup d ‘autorité. A chaque question tout le monde claque des doigts : « M’sieur ! M’sieur ! » Les enfants ont entre 10 et 11 ans. A gauche, deux rangées de filles, à droite deux rangées de garçons. En tout, une trentaine d’élèves. Leur langue maternelle est le Sérère. C’est ici, sur les bancs de l’école publique, que les enfants apprennent le français. Dans notre dos s’empilent sur des tables de nombreux sacs de riz en provenance d’Inde, livré par le programme d’aide mondial. C’est une aide alimentaire reçue pour la cantine, mais elle ne fonctionne pas encore. Le collège est dans le village d’à côté. Il faut 45 minutes pour y aller : d’abord une traversée en pirogue puis une marche à pied. Parfois les enfants se blessent ou perdent leurs affaires dans l’eau car les pirogues sont étroites et très instables. Seulement 10% des enfants de N’Gadior poursuivent leur scolarité au collège.

Beaucoup de villageois sont pêcheurs. Ils s’absentent de longs mois et peuvent aller jusqu’en Gambie sur leurs pirogues. Certains ne rentrent qu’un mois par an au village, pour la fête de la Tabaski, en Octobre.

Bassoul

Samedi 9 novembre – Nous sommes arrivés hier après-midi à Bassoul, le deuxième des trois villages de notre mission pour Senekoppe et Voiles Sans Frontières. Le bolong desservant cette petite ville étant très étroit, nous avons dû faire demi-tour pour mouiller le bateau sur le bolong principal, plus large. C’est donc isolé de tout que nous avons dîner aux chandelles hier soir. Pour tout paysage le fleuve et ses rives opaques de palétuviers. Quelle pureté ! Pas une lumière de civilisation, juste notre feu de mât sur fond de ciel étoilé. Seuls quelques cris d’oiseaux et sauts de poissons viennent troubler le silence de la mangrove. Une ambiance envoûtante inoubliable…

Après les cours matinaux du CNED, nous partons en annexe vers Bassoul, 15 minutes pleins gaz sur la surface plane du bolong. Un vrai plaisir pour Pierre qui rêve de vitesse ! Sur le quai des femmes jeunes et sveltes défilent dans leurs tenues magnifiques, chatoyantes et très graphiques. Elles chargent leurs bassines de sable, le posent sur leur tête et repartent vers le chantier en cours, là où les parpaings seront moulés puis séchés sur place. Je ne n’ose imaginer le poids qu’elles parviennent ainsi à transporter par jour ! Dans chaque village nous les voyons cheminer avec de l’eau, des vivres ou d’énormes fagots de bois.

Partout nous voyons les jeunes Sénégalais pratiquer leur passion : le football. De Dakar aux villages du Saloum, les garçons y jouent très sérieusement : matchs, jogging, musculation, étirements. Beaucoup rêvent de devenir footballeur. La lutte tient aussi une place essentielle dans la région du Siné Saloum. Les enfants s’y entraînent très jeunes. Nous croisons aussi de nombreux attelages de carriole avec des ânes magnifiques, dirigés par des garçons. Une impression de simplicité, de bonheur et de fierté.

William continue aujourd’hui la formation Excel commencée hier avec Babou, Moussa et Tening. Pendant ce temps Pierre joue au foot avec les enfants du village et je pars avec Philéane découvrir le centre. Ici il y a un collège, financé en partie par l’aide des USA. Quasiment tous les enfants y poursuivent leur scolarité. Des enfants nous accompagnent et nous prennent par la main. Certains habitants s’arrêtent, on se présente, ils nous parlent de leur ville, des problèmes d’eau saumâtre, de leur culture et de leur langue Sérère.

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Jeunes filles de Diogane

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Garçons de Bassoul

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Arrivée à Bassoul

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Les bolongs du Siné Saloum

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Devant N’Gadior

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N’Gadior : Seydou en ligne sur Skype avec Chantal, de l’association Senekoppe

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Pliage d’avions en papier, Pierre et les garçons de N’Gadior

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N’Gadior vu de notre mouillage

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N’Gadior : Seydou & Wiiliam, formation Excel

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Ecole de N’Gadior, sortie des classes

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Accueil des enfants à l’arrivée à N’Gadior

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Arrivée au quai de N’Gadior

 

 

This article was written by Isabelle

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