Des Iles Vierges à Cuba

Samedi 8 mars, 14:00, position 20°02.864 N 69°05.741 W

Depuis notre départ des BVI, nous avons croisé 5 navires, dont deux cette nuit à destination du Brésil. En Arbenn glisse maintenant doucement sur une mer plate, avec pour seul paysage le bleu de l’océan et du ciel. Quelle sérénité ! Une ambiance reposante après une matinée remplie d’émotions…

Nous longions la République Dominicaine, environ 40 miles au nord, quand Philéane aperçut un navire à l’horizon, semblant immobile. Puis Pierre s’est écrié « Là bas, une baleine ! ». Tout le monde se retrouve sur le pont à scruter la surface de la mer. Puis, à proximité du navire, nous voyons un, deux, trois jets et plusieurs gerbes blanches. Un banc de baleines ! Nous nous approchons de la zone et apercevons plusieurs autres bancs disséminés à gauche et à droite du navire. Nous sommes au-dessus de Navidad Bank, un plateau faisant passer les fonds de 4.000 mètres à seulement 20 mètres de profondeur. Des conditions idéales pour la pêche ! Le bateau est un chalutier. Il y a aussi quelques barques à proximité. Nous faisons route vers le banc le plus proche. Il est également suivi par l’une des barques à moteur. A son bord, un homme seul. Quelque chose traîne derrière l’embarcation. Un gros bout, un filet ? Mais le banc s’éloigne à mesure que nous tentons de nous en approcher. Nous reprenons notre route. Sur tribord 3 autres barques semblent immobiles, et forment un triangle. Quelque chose traîne aussi dans l’eau. Ont-elles encerclé une baleine ?? Le chalutier servirait-il à trainer des proies vers le port le plus proche ? Mais peut-être avons nous trop lu Moby Dick et pêchaient-ils tout simplement du poisson dans ces eaux si riches ? Ou serait-ce peut-être des scientifiques observant les baleines ? Etrange, car nous avons eu l’impression que les hommes des barques attendaient notre départ pour reprendre leur activité…

En nous éloignant, deux ou trois baleines nous approchent, longeant le bateau à quelques dizaines de mètres seulement. Des individus d’environ 20 mètres de long ! Elles tournent sur elles-mêmes, nous laissant apercevoir qui une nageoire, une autre un ventre blanc ou une queue gracieuse. Un spectacle de toute beauté ! L’analyse des photos et nos planches de cétacés nous laisse à penser qu’il s’agissait de rorquals bleus ou de rorquals communs de belle taille.

Un quart d’heure plus tard, nous sommes au bord du plateau quand les lignes s’emballent : nous remontons un thazar, puis un beau barracuda. Quelles dents acérées ! Malheureusement les risques de ciguatera – avérés pour le barracuda et suspecté pour les tahzars dans la région des Iles Vierges – nous obligent à les rejeter.

Lundi 10 mars, 16:00, position 20°54.851 ‘ N, 74°04.057’W.

Nous ne sommes plus qu’à 110 miles nautiques de l’arrivée et devrions atteindre notre port d’entrée à Cuba demain dans la matinée. Notre cible est Puerto Vita, sur la côte Nord-Est de l’île. Cette traversée est la plus paisible que l’on ait connue depuis les Baléares ! La plupart du temps, le vent est inférieur à 10 nœuds, la mer plate, le ciel bleu, et les nuits éclairées par un beau clair de lune croissant. Chaque soir, nous nous installons à l’avant dans le trampoline pour assister au coucher du soleil. Suivant les allures et la force du vent, William et Pierre alternent les voiles d’avant, entre le spi, le gennaker et le solent.

Nous devinons maintenant au loin sur tribord les reliefs de la côte cubaine, après être passés à seulement 10 miles au sud des premières îles des Bahamas. Malgré leur relief quasi inexistant, nous pouvions nettement les distinguer sur tribord.

Hier la pêche fut excellente, nous avons remonté une belle coryphène d’un mètre. Arrivée à la jupe, nous pouvions apercevoir ses comparses nager autour d’elle, passant au-dessus du fil de ligne en tension. Leurs mouvements laissaient à penser qu’elles essayaient de l’aider… Nous sommes ébahis par leur comportement, et toujours aussi admiratifs de leurs magnifiques couleurs quand elles sont dans l’eau : turquoise, jaune et vert flamboyants. Dès qu’elles sortent, leur robe s’éteint, se diluant dans un triste gris-vert.

Mais maintenant à nous filets, sushi,… les cuisiniers s’activent et les estomacs se réjouissent de ces protéines fraiches et si gouteuses. Puis CNED, lecture, dessin, jeux… Le temps s’écoule sereinement et une routine s’installe déjà pendant cette  traversée de 5 jours. Je lis en détail les guides sur Cuba et prépare notre programme. Nous aimerions aller jusqu’à La Havane, la péninsule ouest de Pinard del Rio, puis Trinidad. Une dizaine de jours en vadrouille sur terre, avec la perspective de belles rencontres, une richesse de musique, de paysages et d’architecture… Nous avons hâte d’arriver !

Mardi 11 mars 2014, nous arrivons à Puerto Vita sur la pointe nord est de Cuba, Ce fût la traversée la plus lente depuis notre départ : 670 milles en 5 jours, pas brillant, mais très paisible ! La marina est cachée dans la mangrove, très calme. L’accueil est sympathique et les formalités très rapides. Le médecin, les douanes et l ‘immigration passent sur le bateau et en 2h, tout est réglé. Nous pensons rester quelques jours ici pour avancer un peu le CNED, avant de partir vers La Havane. Et puis excellente surprise sur le quai, nous avons le plaisir de retrouver l’équipage de Zanzibar, que nous avions rencontré au Cap Vert !

This article was written by william

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